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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/409

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FÉVRIER 1769

à communier, dans lequel il attaquait fortement M. Natoire, directeur de ladite Académie. Ce dernier vient de publier un Mémoire dans lequel il réfute une partie des faits qui lui étaient imputés par son adversaire.

15. — Les débuts de madame Vestris aux Français avaient été interrompus, et l’on attendait avec impatience qu’elle parût dans Zaïre, où l’on prétend qu’elle excelle. Ce retard tenait à M. le duc de Choiseul, ce protecteur éclairé des arts et des talens, qui voulait absolument assister à ce spectacle, mais qui sait toujours subordonner ses plaisirs à ses devoirs et au bien de l’État. Ayant enfin trouvé le moment de se délasser de ses importantes occupations, le jour a été pris pour aujourd’hui, et il a fait présent à l’actrice de la robe avec laquelle elle doit jouer ce rôle brillant.

16. — M. Audinot, ancien acteur de l’Opéra-Comique, qui a joué quelque temps aux Italiens depuis la réunion de ces deux théâtres, mais obligé de se retirer par suite de mécontentemens, n’a pu pardonner cet affront à ses anciens camarades. Il a erré depuis ce temps à la tête de diverses troupes, et roulant beaucoup de projets. Il s’est établi cette année à la Foire Saint-Germain ; il y tient un spectacle de marionnettes, et donne une pièce pantomime, intitulée les Comédiens de bois, qui attire tout Paris. Il a trouvé le moyen de se venger des sublimes acteurs qui ont paru le dédaigner avec tant de hauteur : il les traduit aujourd’hui sur la scène, et les couvre du plus grand ridicule, par l’art avec lequel ces personnages factices contrefont au naturel tous ces histrions de l’un et l’autre sexe. Ceux-ci trouvent leur dignité très-compromise, et jettent les hauts cris. Il ne paraît pas que l’autorité ait