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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/411

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FÉVRIER 1769

17. — Madame Vestris a reparu dans Zaïre avant-hier et n’a pas répondu aux merveilles qu’on en annonçait. On se rappelle trop avec quel naturel enchanteur mademoiselle Gaussin jouait ce rôle, et les accens attendrissans de sa voix retentissent trop récemment encore dans le cœur des spectateurs, pour goûter le grasseyement de celle-ci. En outre, le sieur Le Kain fait le personnage d’Orosmane avec tant de grandeur et d’énergie, qu’il écrase absolument son actrice. Le public, au reste, la suit avec la même fureur, et la salle ne désemplit point toutes les fois qu’elle est annoncée. Ses débuts dans le comique vont commencer incessamment ; elle jouera d’abord le rôle de la meunière dans les Trois cousines[1].

19. — Ce n’est que samedi que M. le duc de Choiseul a honoré de sa présence l’actrice nouvelle jouant le rôle de Zaïre ; des occupations imprévues ne lui avaient pas permis d’assister le mercredi au spectacle. Il a envoyé le lendemain au sieur Le Kain, par Corbie, un présent de cinquante louis, avec une lettre où ce ministre marque à l’acteur qu’il avait d’abord projeté de lui faire le cadeau d’un habit, mais qu’il a cru que de l’argent lui causerait plus de satisfaction ; qu’au surplus l’Orosmane ne recevrait jamais tant de plaisir qu’il en avait causé par la noblesse et l’énergie de son jeu.

22. — Il se répand un Mandement de M. l’archevêque de Lyon[2], en date du 1er janvier, contenant des instructions sur le carême et des dispenses pour celui de cette année, qui n’a dû être publié que le dimanche de la Quinquagésime, et parvenu depuis dans ce pays. Il y fait un bruit du diable, par le ridicule que les indévots R.

  1. Comédie en trois actes et en prose, de Dancourt. — R.
  2. Antoine de Malvin de Montazet.