Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
409
FÉVRIER 1769

Et Pâris, ce berger fameux,
Lui donner l’avantage
Même sur la reine des cieux,
Et Minerve la sage ?

Dans le sérail du grand seigneur
Quelle est la favorite ?
C’est la plus belle au gré du cœur
Du maître qui l’habite ;
C’est le seul titre en sa faveur,
Et c’est le vrai mérite[1].

25. — M. Dupin, ancien fermier-général, vient de mourir dans un âge fort avancé. Il laisse une veuve renommée autrefois pour sa beauté, et dont la maison est encore l’asile de plusieurs académiciens. Cette virtuose a vu sa cour composée des plus illustres personnages de la littérature. M. de Fontenelle y allait souvent. Le fameux Rousseau a été précepteur du fils[2] de ce M. Dupin, un des plus mauvais sujets qu’on puisse trouver, et qui a fait la douleur et la honte de toute sa famille. M. Le Mière est encore attaché à la bru de cette dame[3]. On ne finirait pas de détailler tous les hommes rares dont elle a fait les délices et l’admiration.

28. — On attendait depuis long-temps le poëme des Saisons, annoncé avec les plus hautes espérances : en effet le nom de l’auteur, M. de Saint-Lambert, ne pouvait qu’exciter une grande curiosité. Cet ouvrage paraît,

  1. Ces couplets sur madame Du Barry sont attribués au duc de Nivernois. — R.
  2. Rousseau n’a point été son précepteur, mais il fut chargé de le surveiller pendant huit ou dix jours parce qu’il changeait de gouverneur. Voyez les Confessions de Rousseau, livre VII. — R.
  3. Madame de Chenonceaux. — R.