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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/433

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AVRIL 1769

cour, aussi acteur de la Comédie Française, avait épousé depuis plusieurs années une ci-devant demoiselle Gogo, du même tripot, et qui, par passion, l’avait préféré à tous les agréables de la cour et de la ville, et s’était concentrée avec lui dans les douceurs d’un chaste hymen, en l’enrichissant des dépouilles d’une multitude d’amans ruinés en son honneur. Ils avaient vécu ensemble assez bien depuis ce temps, et même très-amoureusement. Tout récemment sa femme l’a trouvé avec une sienne sœur, très-grossière et qui lui tenait lieu de femme de chambre, ou de complaisante, ou de demoiselle de compagnie. Le sieur Bellecour, très-pudibond encore, a été si honteux d’être pris en flagrant délit, qu’il n’a osé reparaître en public, et n’a pas joué depuis Pâques, ce qui a ébruité l’aventure, jusque-là peu connue.

23. — Par différentes lettres que M. de Voltaire a écrites dans ce pays-ci, on sait que ce grand poète a renouvelé cette année le spectacle édifiant de l’année dernière, et qu’il a encore fait ses pâques avec beaucoup de dévotion, mais d’une façon moins publique : il a prétexté des incommodités pour rester dans son lit et recevoir la communion chez lui.

— On prétend que M. de Voltaire, piqué des plaintes de l’évêque du Belley gémissant sur son incrédulité, sur son opiniâtreté constante à répandre des libelles contre la religion, a voulu constater cet acte de catholicité, et qu’il a eu recours à des notaires pour recevoir en ce moment sa profession de foi qu’il a envoyée à Monseigneur. Quoi qu’il en soit de cette circonstance sur laquelle on varie, on voit dans plusieurs de ses lettres à différens amis, combien il est attaché à la religion ;