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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/437

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AVRIL 1769

prétendue tirée de l’Essai sur l’esprit et les mœurs des nations, et attribuée à ce libraire, comme ayant imprimé l’ouvrage de M. de Voltaire. Tout cet assemblage de différentes pièces, écrites du même style, paraît avoir été fabriqué à Ferney. M. de Voltaire, qui ne se laisse pas égratigner volontiers, ne peut pardonner à l’ex-Jésuite Nonotte d’avoir relevé ses fautes dans un livre intitulé les Erreurs de Voltaire ; et non content de dire à cet adversaire des injures directes, il s’en fait encore dire aussi par de prétendus correspondans. Il développe dans sa réponse la cause de la haine des Jésuites contre lui, qu’il attribue à une très-bonne œuvre de sa part. On est si fort en garde contre les sermens, les parjures et le persiflage continuel de ce philosophe, qu’on n’ose rien croire sur sa parole ; mais on rit à bon compte aux dépens de ses victimes, et c’est vraisemblablement tout ce qu’il demande.

5. — Il y a quelques jours qu’un jeune homme qui a débuté au Théâtre Italien avec assez peu de succès, a été trouvé pendu dans sa chambre. On prétend qu’il s’est porté à cette extrémité de désespoir de n’avoir pas eu l’accueil qu’il se promettait. On n’aurait pas cru que cet anglicisme eût gagné jusque dans cet ordre de citoyens. De pareils évènemens se multiplient beaucoup ici depuis quelque temps, et sans compter ceux qu’on ne peut dérober à la connaissance du public, il s’en passe plusieurs qu’on lui cache par égard pour les familles et pour empêcher d’ailleurs les progrès funestes de cet esprit prétendu philosophique, également contraire à la politique, à la raison et au véritable héroïsme.

6. — Dans le temps même où M. de Voltaire faisait sa profession de foi, et reniait ce déluge de brochures