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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/452

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MÉMOIRES SECRETS

côté est l’Immortalité, qui élève à M. le Dauphin un trophée composé de ses vertus, caractérisées par leurs attributs divers, telles que la prudence, la justice, la piété, etc. Un Génie des arts est sur le devant du piédestal : il annonce par sa douleur l’amour du prince pour eux et la perte qu’ils viennent de faire. Divers symboles caractérisent ceux qu’affectionnait le plus M. le Dauphin. Tout le pourtour est orné de détails et de figures secondaires, qui l’enrichissent beaucoup, et augmentent cette savante composition.

Les connaisseurs cependant y remarquent plusieurs défauts ; car, où n’y en a-t-il pas ? Ils observent d’abord que ce mausolée, érigé aux deux époux, n’en caractérise qu’un ; que les quatre figures, à l’exception de l’Hymen, qui peut se rapporter à l’un et à l’autre, désignent uniquement M. le Dauphin. Le Temps voile son urne, la Religion la couronne. Le trophée élevé par l’Immortalité ne paraît composé que des vertus spéciales à ce prince : les détails particuliers mêmes, tels que celui des Arts, n’ont que lui pour objet. On peut répondre à cela, pour M. Coustou, que madame la Dauphine, n’étant morte que la dernière, n’est à ce monument que comme accessoire ; qu’il est censé avoir été commencé et fini avant la perte de cette princesse.

On critique encore la figure de la Religion, c’est-à-dire la couronne qu’elle tient, qu’on trouve mesquine et de petite manière. On prétend que l’allégorie de l’Immortalité n’est qu’un développement de cette première figure ; que c’est au fonds la même idée. On justifie cela en disant que l’une caractérise la gloire éternelle, et l’autre, celle que les vertus du prince lui mériteront chez