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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/21

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JUILLET 1769.

sceau, par une farce que nos ancêtres plus zélés auraient punie des plus cruels supplices.

6. — Depuis la retraite annoncée de mademoiselle Arnould, l’Opéra a été dans une grande agitation. Des gens de la cour du plus haut parage se sont mêlés d’un raccommodement ; on a engagé les directeurs à pardonner ses écarts à cette aimable actrice, et celle-ci à faire quelque soumission aux premiers : toute cette intrigue a demandé beaucoup de temps, de prudence et de soins. On est enfin venu à bout de réunir les personnages, et mademoiselle Arnould est rentrée. On croit qu’elle continuera à se reposer jusqu’à la Saint-Martin, époque de l’ouverture annoncée de la nouvelle salle, où l’on doit débuter par Castor et Pollux[1], ce chef-d’œuvre lyrique, où l’actrice en question déploie tout ce que l’âme la plus tendre peut produire de sentiment.

7. — Il paraît une nouvelle tragédie, intitulée les Guèbres, ou la Tolérance : le titre seul annonce le but de l’ouvrage. Ce drame moral est dénué de grandes passions, vrais ressorts de l’action tragique. M. D… M…[2], l’auteur anonyme, annonce dans sa préface que ce sujet était d’abord un sujet chrétien, mais qu’après les chefs-d’œuvre que nous avons en ce genre, il a cru devoir mettre en jeu une autre religion, la plus analogue à la première, celle des Persans : que d’ailleurs il ne sait si ce n’est pas lui manquer de respect que de la reproduire si souvent sur la scène. Il s’excuse ensuite sur ce que sa tragédie n’a point été livrée aux Comédiens : il dit que les croyant occupés de quelques pièces de M. de Belloy, de M. Le Mière et autres grands hommes du théâtre, il

  1. De Bernard et Rameau. — R.
  2. Des Mahis, sous le nom duquel se cachait Voltaire. — R.