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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/26

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MEMOIRES SECRETS.

17. — Le public va voir avec empressement une nouvelle statue du roi, dont le modèle en plâtre a été posé dans une des cours de l’École Militaire pour le temps où Sa Majesté y est venue. C’est une statue pédestre. Le roi est armé d’une cuirasse ; il a des brassards, des cuissards ; son casque est à côté de lui ; et à sa droite, sur le fût d’une colonne brisée, sont des cordons de Saint-Lazare, que le monarque paraît montrer aux élèves. On sait que cet ordre est leur marque distinctive. On y lit pour inscription : Hic amat dici pater atque princeps ; légende vague, qui ne caractérise ni le lieu ni le moment. Les connaisseurs paraissent peu contens de cet ouvrage, sans vie, sans chaleur et sans majesté. Il est du sieur Le Moine, sculpteur distingué.

21. — M. de Voltaire a écrit une lettre, en date du 5 de ce mois, à M. Marin, secrétaire général de la librairie, dans laquelle il désavoue l’Histoire du Parlement. Il est si accoutumé à se parjurer, que de pareilles protestations ne méritent aucune créance. C’est à l’œuvre qu’on connaît l’ouvrier. Tout ce que fait cet auteur anonyme, pseudonyme, est, heureusement, toujours marqué à quelque endroit de son cachet, de manière que les connaisseurs ne peuvent s’y tromper. D’ailleurs, ses ennemis, qui prétendent être au fait de toutes ses ruses, regardent celle-ci comme une adresse, pour inspirer plus de curiosité à lire l’ouvrage, excessivement rare, et proscrit de ce pays-ci avec le plus grand soin, et sous les peines les plus graves. Cette lettre insérée avec affectation dans le Mercure, va en peu de temps instruire toute la France de l’existence d’un livre dont le nom même n’était connu jusqu’à présent que des gens à l’affût des nouveautés, et le désaveu est une sorte de contre-vérité qui