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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/27

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JUILLET 1769.

constate plus parfaitement le nom véritable de l’écrivain.

M. de Voltaire, dans la même lettre, commence par se disculper aussi d’être l’auteur de la sanglante critique de l’Abrégé chronologique du président Hainault, insérée dans un Examen de l’Histoire de Henri IV, de M. de Bury, par M. le comte de B***[1]. Il prétend qu’il avait demandé permission à ce cher confrère de le défendre, et de réfuter le critique ; mais que des difficultés, des affaires, l’ont arrêté. En un mot, la blessure est faite, et l’appareil dont il s’était chargé n’est pas encore mis ; et quand il aurait répondu, il n’en passerait pas pour avoir composé le pamphlet, tant on sait avec quelle facilité merveilleuse il écrit le pour et le contre.

12. — M. de Voltaire, qui s’attribue avec raison l’étonnante révolution arrivée depuis trente ans dans les esprits en général et même dans les conseils des princes, sur la manière d’y traiter la religion, de la dégager de tout ce qui lui est étranger, de la rendre subordonnée, au moins en la personne de ses ministres, à la raison d’État, et détruire, en un mot, cette distinction barbare et fanatique des deux puissances, continue et renouvelle ses efforts pour maintenir et étendre cet heureux changement. Il vient de répandre une feuille intitulée le Cri des Nations. Elle roule sur la suppression des Jésuites ; sur les secousses dont on ébranle la gent monacale, auxquelles il applaudit ; sur les annales, les dispenses, la bulle In Cœna Domini, les délégués des papes, les prétentions absurdes de ces chefs de l’Église. Il voudrait qu’on supprimât toutes ces servitudes honteuses, monumens de la barbarie des premiers siècles, et qu’on fit bien concevoir aux souverains pontifes que leur règne

  1. V. 29 juillet 1768. — R.