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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/263

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JUIN 1770.

31. — Aux couplets, cantiques et chansons qui ont amusé les amateurs de l’Opéra a succédé une caricature qui fait l’objet de leur curiosité et de leur empressement. Il faut se rappeler, pour son intelligence, ce qu’on a dit il y a déjà du temps, que M. le prince de Soubise donnait deux mille écus par mois à mademoiselle Guimard, célèbre danseuse du théâtre lyrique ; que le sieur La Borde composait la musique des spectacles de cette Terpsichore, et présidait à leur exécution, et qu’enfin le sieur Dauberval était l’ami du cœur, ce que ces demoiselles appellent en termes techniques le greluchon. En conséquence, dans l’estampe en question on voit d’une part le prince de Soubise jouant de la poche ; le sieur de La Borde tenant un ballet d’une main et de l’autre une règle ou bâton de mesure ; le sieur Dauberval donnant du cor, et la demoiselle Guimard se balançant comme en cadence, et tenant en main un papier chargé de quelques notes de musique avec ce titre en gros caractères : Concert a trois.



1771.

4 Janvier. — Les promoteurs du projet de dresser une statue à M. de Voltaire sont fort embarrassés sur le lieu où elle sera érigée. La nouvelle flétrissure que vient d’essuyer ce demi-dieu littéraire par l’arrêt du Parlement qui brûle plusieurs de ses ouvrages[1], les fait renoncer absolument à la prétention de la placer en lieu public. Le clergé avait déjà fait ses plaintes sur un pareil scandale, et est trop favorablement accueilli en cour aujourd’hui

  1. V. 6 septembre 1770. — R.