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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/44

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MEMOIRES SECRETS.

rendit les baisers qu’il avait donnés. Cela fit l’entretien du souper. On s’était promis entre soi de ne point révéler les secrets de l’Église, et d’en faire un mystère aux profanes ; mais il est toujours des indiscrets qui n’ont pas scrupule de manquer à leur serment, et l’histoire perce depuis quelques jours dans le public. Tout le monde reconnaît là la gaieté fine du ministre, qui a besoin de se dérober quelquefois à ses importantes et pénibles occupations et de se dérider le front, pour les reprendre ensuite avec plus d’ardeur et de patriotisme.

14. — La crise de la Compagnie des Indes vient de fournir encore matière à une plaisanterie. Un caustique a imaginé et fait exécuter une gravure où l’on a représenté l’assemblée générale des actionnaires. Autour du tapis vert sont les gens de l’administration ; M. le contrôleur-général préside au bout de la table ; à sa gauche est M. Boutin, intendant des finances, ayant la Compagnie dans son département, et cependant l’homme le plus acharné à son déchirement, sujet de l’allégorie en question. On voit à ses pieds un gros dogue d’Angleterre, les yeux enflammés, la gueule ouverte, les poils hérissés, dans l’attitude d’une rage prête à dévorer les actionnaires sur lesquels il s’élance. Son maître l’excite en disant : Mors-les, pitoyable et cruelle allusion au nom de l’auteur du Mémoire (Morellet).

15. — M. Godeheu, fils d’un ancien directeur de la Compagnie des Indes, vient de répandre un imprimé d’une feuille in-4°, où il relève fortement une erreur avancée par M. l’abbé Morellet sur un point concernant l’administration précédente, et trop légèrement adoptée par M. le comte de Lauraguais d’après l’exposé de cet abbé. Il suit de l’explication du fait par M. Godeheu,