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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/45

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JUILLET 1769.

que le premier écrivain est coupable, ou d’une grande ineptie, ou d’une fausseté manifeste.

19. — Il y a quelque temps que M. le prince de Conti, qui honore le sieur Gerbier, fameux avocat, d’une confiance particulière, est allé le trouver à sa terre d’Aulnoy, où, malgré ses grandes occupations, il passe la plus grande partie de la belle saison. L’orateur, confondu d’une telle visite, mit dans sa réception toute l’éloquence dont il est capable ; mais le prince exigea qu’on oubliât le cérémonial dû à son rang, et qu’on le traitât comme un ami de la maison. Son premier soin fut de parcourir les délicieux jardins du château. Ces jardins sont créés en quelque sorte par le nouveau maître, et c’est un jardinier anglais qui a traité cette partie dans toute la singularité du costume de sa nation. Après les premières promenades, le sieur Gerbier, laissant faire à sa femme les honneurs de sa maison, demanda au prince permission de le quitter un moment, sous quelque prétexte. Il revint peu après, et conduisit insensiblement Son Altesse, comme pour se reposer, sous un belvédère agréable, où l’on lut ces vers fraîchement écrits :


Sous son humble toit Philémon
Reçut le maître du tonnerre ;
À son bonheur le mien répond :
Je vois Conti dans ma chaumière !


Le prince, enchanté de cette galanterie ingénieuse, redoubla de bontés et de caresses pour son hôte, et voulut passer trois jours chez lui : faveur signalée, dont aucun particulier peut-être n’a jamais pu se vanter.

20. — Dans le cinquième volume de l’Évangile du jour, imprimé, soi-disant, à Londres, en 1769, on trouve une correspondance entre M. l’évêque d’Annecy et M. de