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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/47

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JUILLET 1769.

Pères de l’Église, il lui cite Cicéron et finit de la sorte : « Vous êtes trop instruit pour ignorer qu’en France un seigneur de paroisse doit, en rendant le pain bénit, instruire ses vassaux d’un vol commis dans ce temps-là même avec effraction et y pourvoir incontinent ; de même qu’il doit avertir si le feu prend à quelque maison du village, et faire venir de l’eau : ce sont des affaires de police qui sont de son ressort. »

Le 25 avril, M. l’évêque d’Annecy réplique à M. de Voltaire, et après les premiers complimens d’usage, entre ainsi en matière :

« Je n’ai pu qu’être surpris qu’en affectant de ne pas entendre ce qui était fort intelligible dans ma lettre, vous ayez supposé que je vous savais bon gré d’une communion de politique, dont les protestans mêmes n’ont pas été moins scandalisés que les catholiques. » Il lui déclare après, que le scandale donné au public, soit par ses écrits, soit par la cessation de presque tout acte de religion pendant plusieurs années, exigeait des réparations éclatantes, et que jusque-là aucun ministre instruit de son devoir n’a pu et ne pourra l’absoudre. Relativement au sermon prêché sur le vol, il lui dit que « la conduite d’un seigneur de paroisse qui se fait accompagner par des gardes armés jusque dans l’église, et qui s’y ingère à donner des avis au public pendant la célébration de la sainte messe, bien loin d’être autorisée par les usages et sages ordonnances des rois très-chrétiens, a toujours été regardée comme étant du ministère des pasteurs, et non de l’exercice de la police extérieure, qu’il veut attribuer aux seigneurs. » Le prélat conjure de nouveau M. de Voltaire de songer à l’éternité, à laquelle il touche de si près : il ajoute, que tout ce qu’il écrit est pour remplir