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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/48

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MEMOIRES SECRETS.

son ministère d’évêque et de pasteur ; que du reste il ne craint pas les satires.

Suit une riposte de M. de Voltaire, du 29 avril, où il attribue à des calomnies l’aigreur qu’il croit remarquer dans la lettre du prélat ; il désigne différentes personnes auxquelles on pourrait les imputer ; il énumère par occasion tout le bien qu’il a fait dans sa paroisse, et produit en témoignage un certificat signé de MM. les syndics des États du pays, des curés de ses terres, d’un juge civil, d’un supérieur d’une maison religieuse, etc. : il déclare qu’il en envoie des copies à M. le premier président du Parlement de Bourgogne et à M. le procureur-général ; il continue par persifler à son ordinaire, et termine par une tirade très-religieuse et très-pathétique.

Le 2 mai, troisième lettre de monseigneur l’évêque d’Annecy à M. de Voltaire, où ce prélat cherche à écarter les soupçons que le pénitent prétendu voudrait faire tomber sur différentes personnes.

« Vous connaissez, écrit-il, les ouvrages qu’on vous attribue, vous savez ce que l’on pense de vous dans toutes les parties de l’Europe ; vous n’ignorez pas que presque tous les incrédules de notre siècle se glorifient de vous avoir pour leur chef et d’avoir puisé dans vos écrits les principes de leur irréligion : c’est donc au monde entier et à vous-même, et non pas à quelques particuliers, que vous devez vous en prendre de ce qu’on vous impute. » Le prélat compare ensuite la conduite d’un vrai chrétien à celle de M. de Voltaire, et conclut que sa conversion ne porte aucun des caractères d’une conversion véritable.

M. de Voltaire, sans doute, atterré par cette dernière épître, a pris le parti de garder le silence ; mais le zèle