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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/62

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MEMOIRES SECRETS.

avait dit[1] être discontinués par la retraite d’un amant distingué qui ne subvenait plus aux frais considérable de ces fêtes, ont repris depuis quelque temps, et se continuent avec autant de succès que d’affluence. On n’y joue communément que de petits drames faits exprès pour le lieu. Quelques auteurs se sont voués à l’amusement de cette nymphe, et toute la musique qui s’y exécute est de M. de La Borde. Ce sont les camarades des deux sexes de mademoiselle Guimard qui la secondent dans les représentations où elle se prodigue elle-même avec beaucoup de complaisance. On sait qu’elle a une très-vilaine voix ; mais elle a dans son jeu une minauderie qui plaît à ses partisans, et qui pourrait passer pour du naturel par la grande habitude où elle est de s’y exercer. Il paraît que de tous les petits ouvrages composés pour ce théâtre, la Tête à perruque[2] est celui qui remporte la palme au gré des connaisseurs. Du reste on n’entre que par billets ; et c’est ordinairement le rendez-vous des plus jolies filles de Paris et des plus aimables libertins. Il y a des loges grillées pour les honnêtes femmes, pour les gens d’église, et les personnages graves qui craignent de se commettre parmi cette multitude de folles et d’étourdis.

20. — On parle beaucoup d’un bon mot de Madame à Préville, le Comédien, le jour où cette princesse fut chez madame la duchesse de Mazarin, avec les autres dames de France, voir une représentation de la Partie de chasse d’Henri IV. Il faut savoir qu’un devoir et un privilège des Comédiens est de porter le flambeau devant les princes, lorsqu’ils vont au spectacle, de la salle jus-

  1. V. 9 juillet 1769. — R.
  2. De Collé. ‑ R.