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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/71

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SEPTEMBRE 1769.

Sa Sainteté a fait répondre par le cardinal de Pallavicini, son secrétaire d’État. Ce prélat a accusé en italien à M. Baron la réception de sa lettre au Saint-Père, et lui a envoyé en reconnaissance, de la part du pape, sa bénédiction apostolique.

20. — Une affaire particulière, devenue presque une affaire générale entre les gens de lettres et les libraires, mérite d’être rapportée. On sait de quelle tyrannie usent en France les derniers avec les premiers, que le malheureux état de leurs affaires oblige ordinairement de se laisser subjuguer par ces messieurs. Cette tyrannie avait engagé quelques auteurs plus pécunieux et plus intelligens à faire imprimer leurs ouvrages à leurs frais, et à les faire débiter par des subalternes de confiance. M. Luneau de Boisjermain, connu par des ouvrages estimables de sa façon et plus encore par son édition et son commentaire des tragédies de Racine, avait suivi depuis plusieurs années cette méthode. Comme ses productions s’étendaient et que ce genre de commerce prospérait entre ses mains, les libraires en ont conçu de la jalousie, et le 31 août 1768 ont fait une saisie chez lui, sous prétexte qu’il faisait un commerce en contravention des réglemens de la librairie. M. Luneau en a rendu plainte par-devant M. de Sartine, lieutenant-général de police et chef de la librairie ; ce qui a occasioné des Mémoires de part et d’autre. Dans son premier Mémoire, M. Luneau prouve : 1° qu’il n’a point vendu et débité de livres ; 2° qu’il ne les a point fait afficher pour les vendre ; 3° qu’il n’en a tenu boutique ni magasin ; 4° qu’il n’en a point acheté pour en revendre : au moyen de quoi il ne se prétend point infractaire du fameux réglement de