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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/108

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ARISTIPPE

moins, ſi on tombe, dans ce malheur, à la guerre, on peut s’excuſer, ou ſur le deſauantage du lieu, ou ſur le nombre des Ennemis, ou ſur la faute des Siens. Et comme le plus ſouuent la pouſſiere, le vent, & le Soleil meritent la gloire du Victorieux, auſſi ſont-ils coupables de la perte du Vaincu. Au pis aller, on ſe iuſtifie, en accuſant la Fortune, qui de tout temps a eſté eſtimée Maiſtreſſe des Euenemens, & Arbitre ſouueraine des Batailles.

Il n’en eſt pas ainſi des Aſſemblées Politiques, où cette Puiſſance aueugle n’a point d’entrée ; où l’Eſprit agit librement, & ſans contrainte ; où la Prudence exerce ſes operations en repos, & ne trouue aucun de ces obſtacles, & de ces empeſchemens, qui s’oppoſent aux effets de la Valeur. C’eſt pourquoy toutes les excuſes des Soldats, & des Capitaines, n’ont point de lieu, pour les Conſeillers, & pour les Miniſtres : Vn homme ſage ne peut pas garantir les Succes ; mais il doit reſpon-