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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/112

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ARISTIPPE

tation, il ſe forme vn courage acquis, qui n’eſt pas moins ferme que le naturel.

Nos Prudens ne viennent point iuſques là. Outre la Mort, ils admettent tant d’autres ſortes d’extremitez, qu’il s’en rencontre touſiours quelqu’vne, qui les arreſte, des le premier pas qu’ils font, vers le Bien. Ils deſeſperent, auant qu’il faille ſeulement craindre. Ils ont touſiours de tres-grands motifs, de tres-fortes conſiderations, de tres-importantes cauſes (ce ſont les termes dont ils ſe ſeruent) pour ne ſe pas acquiter de leur deuoir. Et parce qu’il n’y a point de Maxime, dans la Politique, qui ne ſoit combatuë par vne autre Maxime, auſſi certaine, & auſſi probable qu’elle ; & que l’Auenir a autant de formes, & de viſages, que noſtre Imagination luy en veut donner, ils ne le tournent, pour le regarder, que du coſté qui peut faire peur, & ſe defendent, par la Raiſon, contre la Raiſon.