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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/113

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OV DE LA COVR

comme il veut ; & ne rencontrant, ni de contradiction, ni de reſiſtance, il ioüit de la pureté du bien intellectuel, qui ne s’eſt point encore alteré, par l’action.

Mais ce n’eſt pas tout que cela ; Il faut enfin quitter ces lieux enchantez, & ſortir de ces eſpaces vagues, pour entrer dans le veritable Monde. Il faut mettre la main à l’œuure, & agir, apres auoir medité. Et c’eſt alors que les choſes prennent vne nouuelle face, & qu’elles ne ſont plus ſi belles, ni ſi aiſées. C’est alors, que l’ame eſt dans le trauail, & dans les tranchées de l’enfantement ; C’est en ce temps-là que les penibles effets ſuccedent aux raiſonnemens voluptueux, & que ce qui paroiſſoit ami & fauorable, dans la penſée, se reuolte, & deuient contraire, dans l’operation. Ce n’eſt plus le Marchand au Port, qui trafique ſur la Carte, & ſe propoſe des gains ſans danger, & une nauigation ſans orage : C’eſt un Faiſeur de vœux, au milieu de la tempeſte ; qui ſe repent d’eſtre parti du logis ; qui iette ſa marchan-