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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/120

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ARISTIPPE

auantage ; Ie ne vis iamais d’imagination ſi fertile, ni ſi chaude, que la ſienne. Il ne ſe pouuoit voir de raiſonnement plus viſte, ni qui couruſt plus de païs, ni qui reuinſt plus difficilement au logis. Mais cette fertilité, & cette eſtenduë ne faiſoient que fournir matiere à l’extrauagance, & donner plus d’eſpace à des penſées folles. Plus ſa raiſon alloit loin, plus elle s’eloignoit de ſon but.

Apres vne longue Conference, que i’eus aueque luy, ie reconnus que ce grand desſein, qu’il appelloit l’Intereſt de Dieu, & l’Affaire de la Vierge Marie ; & qu’il alloit ſolliciter à la Cour des Princes, n’auoit, pour fondement, que le deſir d’vne intelligence auec les Coſaques, l’eſperance de quelque reuolte en quelque lieu, la parole d’un Hermite Grec, & la viſion d’vn Melancholique. C’eſtoit neantmoins, comme ie vous ay dit d’abord, vn fort bel Esprit. Il y auoit grand plaiſir à l’eſcouter ; & hors de Conſtantinople, & de la Grece, autour de laquelle tournoit ſon