Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/346

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parut. Je trouvai amusant de donner ce titre à un poëme composé sur Paulin Limayrac lui-même.

Littérairement, ces six couplets sont une parodie de la romance en général, de ce genre faux et absurde où des êtres parfaitement classés comme mammifères font toujours semblant de croire qu’ils sont oiseaux ou fleurs, ou qu’ils pourraient, dans certaines occurrences, le devenir.

Au point de vue polémique, c’est autre chose. Paulin Limayrac attaquait violemment, dans la Revue, les grands écrivains de la génération qui nous a précédés. Je pensai qu’en donnant de bonnes raisons je n’aurais pas raison de lui, qu’il fallait détourner les chiens, et j’inventai cette folle hypothèse de Limayrac changé en fleur. Ma chanson eut mille fois plus de succès que je ne l’espérais et que je ne l’aurais voulu ; en quelques jours tout Paris la sut par cœur.

La chose même tourna au tragique. Une nuit, au bal masqué de l’Opéra, Limayrac parut sur l’escalier de l’amphithéâtre ; aussitôt le grand galop de Musard, qu’un dieu n’eût pas arrêté ! s’arrêta un instant ; dix mille paires d’yeux se