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nous des façons qui nous ont fait dévorer en silence bien des amertumes.

Les Polonais résidant à Paris ont voulu former un détachement avec le drapeau français, avec l’uniforme français et sous le commandement supérieur français ; ils désiraient seulement rester et combattre tous ensemble. On n’en a pas voulu entendre parler. Nos compatriotes ont passé outre et ont fini par s’engager individuellement ; plusieurs de nos anciens officiers supérieurs sont allés servir comme simples soldats.

Cette fois, ce n’est pas le désir de galons et de grades qui a inspiré les Polonais, mais un pur dévouement et l’amour pour la France. Ils ont largement payé pour elle de leur personne et lui ont apporté un fort tribut de sang. Nous ne connaissons pas encore le relevé complet de nos morts, mais dès aujourd’hui nous pouvons dire que 300 Polonais environ sont tombés en combattant dans les rangs français sur divers champs de bataille. Les journaux de province ont publié, au mois de novembre de l’année passée, la liste nominative de 70 Polonais qui ont succombé à Orléans dans les rangs de ces vaillants soldats qui se sont fait hacher pour permettre au gros de l’armée française d’opérer sa retraite. Près de Dijon, nous avons perdu le général Bossak-Hauke, un de nos meilleurs officiers de l’année 1863.

Il y a à Paris deux écoles polonaises fort connues. Quatre-vingt-neuf anciens élèves de l’école des Batignolles ont été dans les rangs français, et seize d’entre eux y ont trouvé la mort ; aucun des