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XVI.


À Monsieur Isaac de Wildensteen.
Monsieur,

La sainte observance des lois de la morale qui lie entre eux, par des liens solidaires, tous les membres d’une société civilisée, force chacun de ces membres à dénoncer à l’autre le danger dans lequel il pourrait se trouver. Or, monsieur, comme le mariage est l’une des bases de la sécurité de la société, je suis obligé, quoique célibataire, de vous signaler une menace d’attentat à la redoutable sainteté de ce sacrement. J’ai entendu hier dans un estaminet qui, vu les positions respectives de ses habitués, pourrait bien s’intituler café, et où je vais, excusez-moi de parler de moi, me délasser le soir de mes pénibles études, j’ai entendu, dis-je, entre deux jeunes gens, une conversation que je ne veux pas apprécier grammaticalement, bien que les termes m’en aient paru un peu romantiques.

Je sais à quel danger je m’expose si jamais celui que je suis obligé de signaler à votre attention particulière connaissait mon nom et ma demeure. Aussi je les tairai l’un