Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/47

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Isaac sortit : En tout cas, se dit-il, je vais voir quelle tournure a ce matamore et si…

Isaac prit une grosse canne, monta en drowski et en descendit à dix minutes de Meulestee.

Un joli château s’élevait devant lui, il demanda à un paysan qui passait si ce n’était point là l’habitation de M. Ottevaere. Précisément, répondit le paysan, et le voici qui vient lui-même, ajouta-t-il en saluant quelqu’un qui débouchait à cheval d’un petit sentier et que suivaient deux superbes lévriers d’Écosse.

Isaac vit qu’il avait affaire à un vigoureux jeune homme, trapu et robuste comme la force elle-même : Un nez aquilin, aux narines facilement dilatées, des yeux d’un bleu gris, enfoncés sous des sourcils épais et traçant une belle ligne horizontale, un front droit et élevé, un cou de taureau, un teint brun, un visage d’un caractère étrange, rêveur et sauvage à la fois, de petits pieds, de petites mains musclées comme des serres d’aigle, tels étaient les traits distinctifs de ce beau flamand que sa mère avait sans doute conçu après avoir longtemps regardé un des puissants tableaux du vigoureux et sensuel Rubens.

Isaac, en voyant la tournure décidée d’Ottevaere, avait caché précipitamment sa grosse canne derrière son dos.