Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/62

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neur d’une femme qui reçoit des aubades n’est pas loin d’être malade.

Monsieur, loin de moi l’irrévérencieuse idée de suspecter la vertu de madame votre épouse, mais je dois vous prévenir que les voisins jasent et que j’ai entendu faire sur votre compte des plaisanteries qui sentaient leur corne d’une lieue. Je puis vous indiquer l’endroit où cela se passa, c’est à la Couronne d’Espagne, honnête estaminet où je vais parfois prendre un verre de cassis pour donner du ton à mon estomac dérangé par l’étude.

Monsieur, hier, premier mai, pendant que vous étiez en voyage, un homme que je ne dois plus vous nommer, un libertin, un mauvais sujet, est venu chanter sous les fenêtres de madame votre épouse. Celle-ci a d’abord levé le rideau, puis lorsque le séducteur s’est éloigné elle a sans doute voulu voir son visage, car elle a ouvert la fenêtre et a regardé dans la rue. On a pu voir qu’elle ne porte pas de bonnet de nuit mais une simple résille pour contenir sa chevelure, qui m’a-t-on dit, est abondante. Cela étant fait, des ouvriers sont venus qui, payés par l’homme que vous savez, ont planté devant votre maison, un mai compromettant. Madame s’est alors retirée. Les ouvriers étant partis elle a de nouveau regardé, et elle a pu voir un arbre chargé de fleurs, lequel tomba bientôt ; mademoiselle