Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/115

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Le poète joue sur les mêmes allusions. Les balsama (fleurs) sont les parfums que vend Phyllis, les salgama (flueurs), ceux qu’exhale son trou. En propres termes, les salgama sont des racines et des herbes conservées dans le sel pour les besoins de l’hiver ; et leur odeur ne convient pas à toutes les narines.

« Eunus, tu lèches l’aine puante de ta femme enceinte, tu te hâtes d’enseigner les langues à tes enfants, avant qu’ils ne soient nés. »

Et comme Eunus était grammairien Ausone joue là-dessus :

Tu sembles, lui dit-il, en roidissant ta glossa, ta langue, vers tes enfants qui ne sont pas encore nés, si bien remplir ton devoir de grammairien, que tu te hâtes de leur enseigner la glosse, c’est-à-dire l’interprétation des expressions obscures. Également Manneius dans Martial, léchait les femmes enceintes. Mais toujours en allusion à la profession d’Eunus, le grammairien lécheur, Ausone équivoque sur les lettres de l’alphabet grec ; en voici un exemple :

« Eunus de Syrie, le lécheur des vagins, docteur opique grâce aux leçons de Phyllis, voit le sexe de la femme sous quatre faces. En l’écartant sur trois coins, il dessine un Delta. Les rides égales de part et d’autres de la vallée des cuisses et la section du milieu sur lequel s’ouvre la fente du vagin, il déclare y trouver la configuration du Psi ; car on dirait un trident. Lorsqu’il y plonge sa langue, il y a le lambda, et l’odeur qu’il y ressent lui indique nettement un phi. Eh quoi ! ignorant, penses-tu qu’un rho est écrit là où il convient de placer un long iota ? Misérable docteur ! Tue le tau reste à ton obscénité, et que ton nom soit marqué du théta barré d’un trait. »