Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/128

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encore Tullia qui parle), il se couche sur moi, de toutes ses forces brandit son dard, m’emplit le ventre d’une rosée fécondante et fait s’écouler en même temps du fond de moi-même la blanche sève. Incapables de supporter une volupté si intense, nous nous fondons l’un et l’autre dans notre étreinte. »

Au demeurant, les écrivains anciens nous apprennent que cet étrange raffinement fut très familier aux femmes de Lesbos. Est-ce à cause de l’influence du climat, ou bien des qualités spéciales du sol et des sources, ou encore pour d’autres motifs ? Il est difficile de le déterminer. Lucien dit au cinquième Dialogue des courtisanes :

« On dit qu’il y a dans Lesbos de ces femmes qui ne veulent rien souffrir des hommes, mais jouissent elles-mêmes des femmes, comme si elles étaient des hommes. »

Si les Lesbiennes en étaient venues à exercer couramment cette volupté, sans doute étaient-elles poussées par la nature elle-même à se soulager d’une intolérable érection.

Les femmes en effet qui ont un clitoris excessif ne peuvent être baisées ; aussi leur passion charnelle peut difficilement se satisfaire autrement que dans le tribadisme.

La plus célèbre de toutes les Tribades, la reine pour ainsi dire, fut, qui l’ignore ? Sapho, Lesbienne elle aussi. Cependant, depuis Maxime de Tyr, nombre d’écrivains ont tenté, dans le plus noble des desseins, de la laver d’une semblable infamie ; mais écoutez-la elle-même repousser ses importuns partisans dans ces vers d’Ovide :

« Ni les jeunes filles de Pyrrha, ni celles de Méthymne, ni la troupe entière des Lesbiennes ne peuvent me plaire. Anactorie est pour moi sans valeur, et la blanche Cydno aussi ; Atthis ne me fait plus plaisir à voir, comme aupara-