Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/139

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galle, ou d’un gladiateur ou d’un bourreau, et je me demande si l’on doit avoir moins en horreur une telle coupe que les baisers de ces sortes de gens. »

À l’époque d’Aloisia, l’art du tribadisme n’avait pas dépéri :

« Ne va pas m’accuser, dit Tullia, dans un des célèbres entretiens, d’un libertinage excessif. Ces mœurs ont fleuri presque partout : en Italie, en Espagne, en France, les femmes ressentent des passions pour les femmes et, si la pudeur leur faisait défaut, elles se précipiteraient bien vite dans les bras les unes des autres, en rut. »

Au reste, elle cite des exemples de fureur et d’emportement tribadiques : « Enemonda était supérieurement belle ; elle était la sœur de Fernand Portius, et elle avait pour petite amie Francisca Bellina, d’une grande beauté elle aussi. Ces deux femmes ne savaient laquelle des deux aimait le plus, était le plus aimée. Elles couchaient souvent ensemble dans la maison de Fernand. Or ce dernier tendait à Francisca de discrètes embûches, comme les aime Vénus. La jeune fille se savait recherchée, et elle se réjouissait de sa beauté. Un jour, aiguillonné par le désir, le jeune homme s’était levé avec l’aurore, et il apaisait ses ardeurs en respirant l’air frais sur le balcon. Dans la chambre voisine, le lit de sa sœur gémissait et faisait entendre des craquements tremblotants. La porte était ouverte : Vénus, favorable à l’amoureux avait prémédité cette négligence des jeunes filles. Il entre ; mais aveuglées par la jouissance, ivres de volupté, les amoureuses ne l’aperçoivent pas. Francisca chevauchait Enemonda, l’excitant à la course ; elles étaient nues toutes deux. « Les mentules les plus illustres et les plus lubriques circonviennent tous les jours