Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/142

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ment des sorcières. Feignant d’être malades, elles font venir auprès d’elles une de ces devineresses ou même lui envoient leur malheureux mari. Dès que ces sorcières s’aperçoivent de leur désir, elles affirment que la femme est possédée de quelque démon et qu’elles ne peuvent l’en délivrer que si elle fait partie de leur association. »

Les tribades ont-elles survécu jusqu’à nos jours ? S’il n’en reste plus, du moins en a-t-il survécu à Paris peu de temps avant la Révolution, si nous en croyons l’auteur de la Gynéologie. Un véritable collège de tribades y existait, sous le nom de Vestales ; elles avaient des réunions à des endroits fixes, les sociétaires étaient en nombre et appartenaient aux plus hautes classes de la société. Elles avaient des statuts, qu’on faisait jurer aux néophytes de respecter. Il y avait trois degrés hiérarchiques : les aspirantes, les postulantes, les initiées. Avant que la postulante ne fût admise à prendre part aux réunions secrètes, il lui fallait subir durant trois jours une épreuve difficile : enfermée dans une chambre délicieusement tapissée des images les plus lascives et de Priapes à la mentule démesurée, elle devait entretenir un feu dressé je ne sais comment, mais de façon que, si l’on y mettait trop ou trop peu de matières, il s’éteignait. Sur les autels du temple, superbement orné de statues de Sapho, des Lesbiennes qu’elle avait aimées, du chevalier Eon, qui si longtemps avait su dissimuler son sexe, et de magnifiques tentures, brûlait un feu perpétuel.

Le même écrivain nous apprend que les Anglaises ne détestent pas absolument le baiser tribadique. Il conte en effet qu’à Londres il existait, un peu avant la fin du siècle dernier, un petit nombre de confréries de tribades qu’on nommait des Alexandrines.