Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/143

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En voilà assez sur les tribades proprement dites. Mais le nom de tribade a pris de l’extension. On appelle en effet aussi de ce nom des femmes qui, à défaut d’une mentule véritable, trompent leur désir de jouissance avec le doigt ou bien un pénis de cuir, qu’elles introduisent dans la vulve, L’Allemagne, je l’ai entendu dire, a tout dernièrement retenti, au sujet de cet abus du doigt, de plaintes qui enfin, comme d’ordinaire, se sont apaisées. Quant au pénis de cuir, qu’on appelait olisbos, on conte qu’il fit autrefois les délices des femmes de Milet, qui l’ont en quelque sorte inventé ; Aristophane, dans Lysistrata, ne leur envoie pas dire. Il s’écrie :

« Depuis le jour où les Milésiens nous ont trahies, je n’ai même pas aperçu un olisbos en cuir de huit doigts de long, qui eût pu nous servir d’auxiliaire. »

Et Suidas, qui fait un dictionnaire, donne la définition très nette du mot olisbos, il écrit :

« Membre viril en cuir dont usent les femmes de Milet, comme tribades et impudiques. Les veuves s’en servent aussi. »

Vous vous demandez si actuellement encore les femmes qui souffrent de voir leurs charmes dédaignés ont recours à cet auxiliaire de cuir. Aloisia Sigea va vous répondre avec franchise, dans un de ses entretiens :

« Les femmes de Milet se fabriquaient des godemichés en cuir, longs de huit doigts et gros à proportion. Aristophane dit que de son temps les femmes s’en servaient. Aujourd’hui encore, chez les Italiennes et les Espagnoles surtout, comme aussi chez les femmes d’Asie, cet instrument est un des plus précieux meubles de la toilette féminine ; on en fait le plus grand cas. »