Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/144

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Il arrivait même que les matrones romaines fissent emploi d’un godmiché en quelque sorte animé et vivant ; ainsi elles trouvaient un délice à posséder une certaine espèce inoffensive de serpents dont la peau très froide leur servait de réfrigérant en été ; Martial, nous en donne d’abord une indication :

« Si Gracilla, dit-il, entoure son cou d’un serpent frais. »

Lucien, nous en parle aussi :

On voit en certains pays des serpents d’une dimension considérable, mais si privés et si doux qu’ils sont nourris par des femmes, dorment avec les enfants, se laissent fouler aux pieds et presser des mains sans colère, et tètent à la mamelle comme des nourrissons. »

Cet usage des serpents faisait même la joie des hommes, Tibère, entre autres.

Suétone nous dit qu’il avait un serpent de l’espèce des dragons qu’il élevait pour son plaisir et qu’il nourrissait de sa main ; il le trouva mangé par des fourmis, et un augure l’avertit alors de redouter les forces de la multitude. »

Cela étant, on ne trouvera pas trop hasardée la conjecture de Boettiger, dans Sabine, ouvrage écrit en allemand et rempli d’une science profonde. D’après lui, ces sortes de serpents ont très bien pu servir d’engins lubriques aux femmes amoureuses. Nous comprendrons mieux ce qui pouvait se passer d’après ce qui arriva à Atia, la mère d’Auguste, et que Suétone a ainsi conté, dans Auguste :

« Je lis dans les traités d’Asclépiade Mendès « Sur les choses divines » que la mère d’Auguste, Atia, s’étant rendue au milieu de la nuit dans le temple d’Apollon pour un sacrifice solennel, y resta endormie dans sa litière, tandis