Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/154

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même il les a variées d’une manière originale, cet Hostius, si remarquable par ses dispositions lubriques qu’il pourrait être donné en exemple à la postérité, Sénèque s’est déchaîné contre lui avec une violence peut-être excessive pour un philosophe modéré et équitable. Il semble cependant qu’une tacite volupté chatouille les sens de ce rigide gardien de la vertu, quand il en parle ainsi dans ses Questions Naturelles :

« Je veux, dit-il, ici vous conter une petite histoire, où vous verrez que la débauche ne dédaigne aucun artifice qui provoque au plaisir, et combien elle est ingénieuse à stimuler encore ses propres fureurs. Hostius Quadra était d’une impudicité qui fut même traduite sur la scène. C’est ce riche avare, cet esclave de cent millions de sesterces, qui fut tué par ses esclaves, et dont Auguste jugea la mort indigne de vengeance, en s’abstenant toutefois de déclarer qu’elle lui parût légitime. Hostius ne bornait pas à un seul sexe ses jouissances impures ; il était aussi avide d’hommes que de femmes. Il avait fait faire des miroirs reproduisant les objets bien plus grands qu’ils ne sont, et où le doigt paraît plus long et plus gros que le bras. Il disposait ces miroirs de telle sorte que quand il se livrait à un homme, il voyait sans tourner la tête tous les mouvements de son étalon ; et la vue d’un membre aux énormes proportions que figurait le métal trompeur, le faisait jouir comme si c’eût été une rivalité. Il allait dans tous les bains recruter ses hommes, et il les choisissait à sa mesure : et cependant il lui fallait encore recourir à l’illusion pour assouvir son insatiable lubricité. Qu’on dise maintenant que c’est au goût de la parure qu’est due l’invention du miroir ! On ne peut rappeler sans horreur ce que ce monstre, digne d’être déchiré, de sa bouche impure osait dire et exécuter, alors