Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/21

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« Pour moi, j’aime par dessus toutes la posture commune du baiser, quand l’homme s’étend sur la femme, poitrine contre poitrine, ventre contre ventre, poils sur poils, forçant de son rigide épieu l’entrée de la fente délicate. Peut-on concevoir, en effet, quelque chose de plus doux que d’être couchée sous son amant ? Le poids de son corps vous foule délicieusement et vous excite sans trêve, avec une flatteuse impatience, aux plus lascives fureurs. Quoi de plus agréable que de repaître ses regards du visage de son amant, d’aspirer ses baisers, ses soupirs, et de se brûler aux flammes de ses yeux mourant de plaisir ? Rien ne peut surpasser la joie de réchauffer son amour dans l’étreinte, au feu d’une passion que l’âge, non plus qu’aucune difformité n’a émoussée. Rien qui puisse flatter davantage les désirs de l’un et de l’autre partenaires, rien qui puisse mieux aider à leur jouissance que les mouvements de ces deux corps qui se renvoient des secousses lascives. Rien de plus opportun pour un être qui expire de volupté, que de sentir sa vigueur renaître grâce à l’action vivifiante de baisers enflammés. Celui qui s’amuse au baiser à rebours ne satisfait que l’un ou l’autre de ses sens ; celui qui combat face contre face les satisfait tous. »

C’est surtout aux belles femmes qu’Ovide, le maître ès-amours, conseille d’adopter cette posture ; « De l’art d’aimer. »

« N’ignorez donc aucun détail, et apprenez les diverses attitudes du corps. La même position ne convient pas à toutes. Êtes-vous d’une beauté indiscutable, étendez-vous sur le dos. »

Cette posture admet d’ailleurs des variantes. Le cavalier peut en effet prendre entre ses cuisses la femme couchée,