Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/17

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ceux de son neveu, lorsqu’un Jésuite, oncle maternel du jeune homme, le déchargea d’une partie de ce lourd fardeau. Arché, admis au collége des Jésuites à Québec, en sortait, après avoir terminé son cours de mathématiques, lorsque le lecteur vient de faire sa connaissance.

Archibald Cameron of Locheill, que la main pesante du malheur avait mûri avant le temps, ne sut d’abord, quand il entra au collége, quel jugement porter sur un enfant espiègle, turbulent, railleur impitoyable, qui semblait faire le désespoir des maîtres et des élèves. Il est bien vrai que tout n’était pas profit à cet enfant : sur vingt férules et pensums que le régent distribuait dans la classe, Jules d’Haberville en empochait dix-neuf pour sa part.

Il faut avouer aussi que les grands écoliers, souvent à bout de patience, lui donnaient plus que sa part de taloches ; mais, bah ! on aurait cru que tout cela n’était que douceur, tant le gamin était toujours prêt à recommencer ses espiègleries. Il est bien vrai de dire aussi que, sans avoir positivement de la rancune, Jules n’oubliait jamais une injure ; qu’il s’en vengeait toujours d’une manière ou d’une autre. Ses sarcasmes, ses pointes acérées, qui faisaient rougir l’épiderme, arrivaient toujours à propos soit à l’adresse des maîtres mêmes, soit à celle des grands écoliers qu’il ne pouvait atteindre autrement.

Il avait pour principe de ne s’avouer jamais vaincu ; et il fallait de guerre lasse finir par lui demander la paix.

On croira sans doute que cet enfant devait être détesté. Aucunement : tout le monde en raffolait : c’était la joie du collége. C’est que Jules avait un