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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/31

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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 9

des mouvements ainsi organisés qui tendent à se développer et à se compliquer en systèmes cohérents et de plus en plus automatiques sous la direction de schèmes condensateurs, s’intériorise progressivement. L’action intelligente liée à des fins intentionnelles, permet la création d’une vraie logique de l’action qui consiste dans les lois de l’exacte adaptation des moyens à la fin prescrite. Autrement dit il y a des lois de structure générale qui président à l’organisation sensori-motrice.

Ensuite s’édifie sur cette première organisation une seconde liée soit au langage soit à l’apprentissage de la langue. Le langage pose le problème très vaste du rapport entre signifiant verbal et signifié sensori-moteur, puis entre signifiants et signifiés verbaux : ainsi se constitue le plan proprement mental. L’esprit transpose sur le plan mental, sous forme symbolique cette fois, les pratiques de l’intelligence sensori-motrice, ce qui implique de nombreux décalages et des phénomènes de régression qui doivent être successivement vaincus. Le plan mental implique donc la substitution de la fonction symbolique à la fonction sensori-motrice de l’intelligence ; celle-ci crée l’objet mental et les relations entre objets mentaux. La langue pose un autre problème : l’être humain subit une langue que lui impose le milieu social ; on a justement dit que l’apprentissage de la langue était « prématuré » chez l’enfant. Or la langue a une structure grammaticale et une syntaxe qui constituent pour l’enfant une sorte de forme où sa pensée vient se couler, d’où les nombreuses inadaptations à la pensée adulte que manifeste celle de l’enfant. Cette langue est à son tour un produit séculaire de l’intelligence humaine : issue