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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/36

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14 LA LOGIQUE DE L’ASSERTION PURE

« irréductibles et non-formalisables » [1] et plus loin il déclare que « les symboles ainsi mis en jeu doivent avoir un sens logique opératoire, c’est-à-dire se prêter… à certaines constructions ».

En un mot, ce qu’on ne peut éliminer de l’expérience logique, en dépit des incertitudes du mot « intuition », c’est précisément la conscience intuitive d’une opération intellectuelle s’exerçant sur une matière si subtile et si raréfiée qu’elle ne saurait détourner l’esprit de la conscience même de l’opération au profit du contenu, de la signification concrète comme il arrive d’ordinaire.

Elle s’efforce ensuite de construire à l’aide de ces symboles littéraux et opératoires tous les types de raisonnements ; ces constructions sont au raisonnement concret dans le même rapport que les diverses épures à l’objet qu’elles représentent : elles se bornent à une schématisation abstraite.

La logique implique donc une pari d’invention symbolique et même d’artifices, en ce sens qu’elle crée un langage symbolique qui lui est propre, mais elle n’est pas pour cela un système de relations conventionnelles arbitraires ou empiriques. Le facteur décisoire qui ne peut être négligé, est limité par la prise de conscience d’opérations réellement effectuées par l’esprit. L’expérience logique est donc une expérience de signification au second degré, qui se dégage de l’expérience au sens gnoséologique défini plus haut, mais elle ne prélève sur les constructions opérées au préalable par l’esprit que ce qui caractérise l’effort de cohérence formelle. En ce sens précis, elle relève de

  1. Op. cit., p. 13.