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SOUVENIRS D’UN GARIBALDIEN.

pas mis le pied à l’étrier, j’étais fracassé, détérioré, et, comment le dire décemment ?… ma selle était comparable à ces chevalets de torture qui servaient à appliquer la question. Figurez-vous la carte topographique de la Suisse avec tous ses reliefs, et vous aurez une idée de cette selle. Ma bête ne pouvant allonger le pas, avait un trot dur et court qui me martyrisait. Je pensai alors au moelleux fauteuil de mon bureau. Il m’était aussi impossible de me tenir droit que de m’asseoir sur une chaise, car tout contact me produisait l’effet d’un fer rouge.

Loin de me plaindre, mes amis se moquèrent de moi ; le général lui-même ne put s’empêcher de sourire en me voyant sur l’extrême bord de mon siège, comme si le coussin eût été rembourré d’épingles.

Arnay-le-Duc est une petite ville qui me parut avoir sept à huit mille habitants ; elle fait partie du département justement appelé la Côte-d’Or. Le mois de novembre, si triste chez nous, ne l’est pas moins là-bas. La nature semble atteinte d’hypocondrie en disant adieu à l’été. Rarement, à travers les nuages et le brouillard, voit-