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SOUVENIRS D’UN GARIBALDIEN.

lentement pour se confondre avec le ciel plein de brume.

« Il n’y a pas de fumée sans feu ». Ce proverbe français nous revenant à la mémoire, nous pensions à l’exquise jouissance de nous trouver assis autour d’un de ces foyers flambant au loin, au lieu de cheminer ainsi, tristement perchés sur nos rosses.

Nous voyions, en traversant les villages, quelques minois effarés aux fenêtres. Nos képis et nos chemises rouges ne rassuraient pas pleinement ces pauvres diables, qui, chaque fois qu’on entendait des pas de chevaux, croyaient voir surgir ces terribles uhlans que leur imagination identifiait à l’image de Belzébuth !

Pauvre France, dans quelles tristes conditions il nous était donné de te visiter !!

Sur la route d’Arnay à Sombernon, il y a un petit village appelé Rouvre-sous-Meilly. C’est là qu’étaient cantonnés les francs-tireurs d’Oran ; Français et Arabes, enveloppés dans leurs couvertures, crottés jusqu’aux cheveux, ressemblaient à des ours plutôt qu’à des hommes.

Ils s’arrêtaient pour saluer respectueusement