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FEUILLETON DU MONDE ILLUSTRÉ


Connaissez-vous, mon neveu, la tiare de Salomon

Une minute le vieux savant s’absorba dans la contemplation de son parchemin, puis continua à monologuer :

— Ce serait pour moi une jolie fin de carrière !… Avoir retrouvé la fameuse tiare de Salomon quelle gloire ! Tous mes collègues de l’Institut en prendraient la jaunisse !… Allons, allons ! n’hésitons plus, toutes réflexions faites je vais tenter l’aventure, et ce sera du reste une excellente occasion de visiter l’Inde que je ne connais pas.

Il frappa sur son bureau un grand coup de poing qui affirma sa résolution et fit tressaillir son encrier : « C’est dit, j’irai et j’emmène avec moi mon neveu Sigouard. Et ricanant :

— D’ailleurs, je lui dois bien ça à ce pauvre garçon, puisque c’est en somme à lui si je suis en possession de ce précieux parchemin. Animal de Sigouard, s’il se doutait de la valeur du trésor qu’il m’a donné, ça me coûterait gros, et comme il m’a déjà dépouillé en six ans de plus de trente mille francs en folies de jeunesse, je me garderai bien de lui en parler.

Deux heures sonnèrent.

Au même moment le valet de chambre annonça :

— Monsieur Oscar Sigouard !…

— Ah ! enfin, faites entrer fit vivement le baron.

Un individu aux allures d’échassier, franchit aussitôt la porte, avec un large sourire aux lèvres.

D’un geste plutôt protecteur qu’aimable, le baron Simono désigna un siège à l’arrivant :

— Asseyez-vous, mon neveu.

— Sapristi, répondit le nouveau venu, en se jetant dans un fauteuil, je suis positivement claqué et j’ai besoin sérieusement de sentir quelque chose d’un peu mou sous mon séant !

C’était un grand gaillard, ce monsieur Sigouard, tout en jambes et en bras, des bras au