de vieille ferraille. Les écumoires, les poêles, les casseroles, les bassines croulèrent avec fracas, tandis que messer Gabbadeo, effaré, galopait brides lâchées en criant :
— Arrête, arrête donc, poivrière du diable !
Les chiens aboyaient. Des visages curieux se montraient aux croisées. Au-dessus de la place tourbillonnait un ouragan de rires, de jurons, de cris et de sifflets.
Tout en admirant ce gai spectacle, le cordonnier songeait avec un humble sourire :
— Qu’il ferait bon vivre s’il n’y avait pas les femmes qui rongent leurs maris, comme la rouille ronge le fer !
Puis protégeant ses yeux avec sa main contre le soleil, il les leva vers l’énorme bâtisse inachevée entourée d’échafaudages, l’église érigée par le peuple à la gloire de la nativité de la Vierge, Mariæ nascenti.
Grands et petits avaient pris part à sa construction. À côté des merveilleuses patènes brodées d’or, cadeau de la reine de Chypre, s’étalait l’offrande faite à la Vierge par la vieille fripière Catherine, qui, en dépit de l’hiver rude, s’était privée de son unique vêtement chaud d’une valeur de vingt sols.
Corbolo, dès son enfance habitué à suivre les progrès de l’édifice, remarqua ce matin une tour nouvelle et s’en réjouit. Les maçons taillaient les pierres. Sur le débarcadère du Lagetto, près de San Stefano, non loin de l’Ospedale Maggiore où atterrissaient les barques, on déchargeait d’énormes cubes de marbre