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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/168

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de huit coudées, des brides en métal, des bombardes en fonte qui lancent des boulets de pierre. Leurs chevaux sont pareils à des monstres marins, féroces, avec les oreilles et les queues coupées.

— Sont-ils nombreux ? demanda Mazo.

— Comme des sauterelles, ils ont couvert toute la plaine. Le Seigneur nous a envoyé pour nos péchés ce mal caduc, ces diables du Nord !

— Pourquoi en dis-tu du mal, Gorgolio ? observa Mascarello. Ils sont nos amis et alliés…

— Nos alliés ! Tiens bien ta poche ! Des amis pareils sont pires que des ennemis… ils achèteront les cornes et mangeront le bœuf…

— Allons, allons, ne jacasse pas, dis tes raisons ; pourquoi les crois-tu nos ennemis ?

— Mais parce qu’ils piétinent nos champs, coupent nos arbres, emmènent nos bestiaux, pillent les habitants, violent les femmes. Le roi français est laid, malingre, mais très amateur de femmes. Il possède même un livre, avec les portraits de belles Italiennes toutes nues. Et ils disent : « Avec l’aide de Dieu… de Milan jusqu’à Naples, nous ne laisserons pas une pucelle… »

— Les misérables ! cria Scarabullo en assénant un tel coup de poing sur la table que verres et bouteilles en tremblèrent.

— Notre More, continua Gorgolio, danse sur ses pattes de derrière au son de la flûte française. Ils ne nous considèrent même pas comme des hommes : « Vous êtes tous, disent-ils, des voleurs et des assassins.