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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/480

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un broc de vin et des figues sèches, Léonard monta par l’escalier grinçant à l’étage supérieur. Là aussi rien n’était changé : au milieu de la chambre large et basse, l’énorme lit carré, pouvant abriter toute une famille, et dans lequel la bonne grand-mère, monna Lucia, la femme d’Antonio da Vinci, jadis dormait avec le petit Léonard. Maintenant cette couche pieusement gardée avait échu par héritage à l’oncle Francesco. Sur le mur, comme autrefois, pendaient un crucifix, une image de la Madone, une coquille pour l’eau bénite, une poignée de nebbia séchée, et une feuille de papier jauni sur laquelle était écrite une prière latine.

Il redescendit, s’assit au coin du feu, but du vin coupé d’eau dans une écuelle de bois sentant l’olivier, et, resté seul, se plongea dans de sereines et douces pensées.


II

Il songeait à son père, le notaire florentin, messer Piero da Vinci, qu’il avait vu quelques jours auparavant, dans sa belle maison, vieillard septuagénaire plein de vigueur, avec un visage rouge et des cheveux blancs bouclés. Léonard n’avait jamais rencontré un homme aimant la vie d’un aussi naïf et presque indécent amour, comme messer Piero. Jadis, le notaire avait montré une grande tendresse pour son fils illégitime.