Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/152

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Petit porte de valeur
De soy monstrer dehaitié,
Ne le tiennent qu’a folour
Ceulz qui ont le cuer haitié

Si n’ay de demonstrer cure
L’entencion de mon vueil,
Ains, tout ainsi com je sueil,
Pour celler ma peine obscure,
Je chante par couverture.


II


Amis, je ne sçay que dire
De vous, car vostre manière
Monstre que d’amour legiere
M’amez, dont j’ay trop grant yre.

Je ne sçay se vous rusez,[1]
Mais a vous ne puis parler,
Et toudis vous excusez
Qu’il vous fault ailleurs aler.

Bien voyque vo cuer ne tire
Qu’en sus de moy traire arrière ;
Et pour vostre morne chiere,
Qui tousdis vers moy empire,
Amis, je ne sçay que dire.

De maint estes encusez,
Si ne le pouez celer,
Qu’en un lieu souvent mussez,
Ou l’en vous fait engeler

  1. II. — 5 B Ne s. se vous vous r.