Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/154

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J’ay tel joye, souvent avient,
Que ne scay que mon cuer devient,
Tant suis prise de grant doulçour.

En ce penser giette un doulz plaint
Mon cuer, qui a vous se complaint,
Quant vous estes trop longuement
Sanz moy veoir ; car seulement
L’amour de vous le mien cuei vaint,
Pour le grant bien qui en vous maint.


IV


Comme autre fois me suis plainte
Et complaintte.
De toy, desloial Fortune,
Qui commune
Es a tous, en guise mainte,[1]
Et moult faintte.

Si n’es pas encore lasse
De moy nuire,
Ainçois ta fausse fallace
Me fait cuire

Le cuer, dont j’ay couleur tainte ;
Car attainte
Suis de douleur et rancune,
Non pas une
Seule mais de mille ençainte[2]
Et estrainte,
Comme autre fois me suis plainte.

  1. IV. — 5 B a g. m.
  2. — 15 A2 de m. attainte.