Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour m’asseurer qu’ailleurs vo cuer ne tire,[1]
Faittes voz faiz a voz ditz accorder.

Car les amans si male renommée
Ont a present, non obstant qu’on souspire
Et que mainte dame soit d’eulx clamée
Dame et amour, que le meilleur ou pire
On ne cognoist, tant y a a redire
En leurs faulz cuers, s’ay je ouy recorder
Et pour ce a fin qu’il me doye souffire[2]
Faittes voz faiz a voz ditz accorder.

Et se je vueil estre bien informée
Ains qu’a ami du tout vous vueille eslire
J’ay bien raison, n’en doy estre blasmée ;
Car son renom dame trop fort empire
Qui a croire legierement se tire,
Si demonstrez qu’en riens a moy frauder[3]
Vous ne taschiez, et pour ne m’en desdire[4]
Faittes voz faiz a voz ditz accorder.

Se vous m’amez n’en aiez ne dueil n’yre,
Bien le sçaray, sanz longuement tarder ;[5]
Pour esprouver le vray sanz contredire
Faittes voz faiz a voz ditz accorder.



XXIV


Doulce dame que j’aim plus et desire
Qu’oncques n’amay nulle autre dame née
Partir me fault de vous, dont je souspire,
Ne bien n’aray jusqu’à la retournée,
Car a vous ay toute m’amour donnée ;

  1. XXIII. — 7 B P. moy monstrer
  2. — 15 B que me doyés s.
  3. — 22 A1 Si d. qu’a r.
  4. — 23 B de ce n’ayez nulle yre
  5. — 26 B B. le verray