Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/248

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il servoit très-fréquemment à la table des pauvres qu’il nourrissoit ; il en faisoit venir presque tous les jours trois à la sienne, et souvent il mangeoit les restes de leur potage, avec une affection incroyable pour eux et pour leur état ; il visitoit souvent les hôpitaux, et il s’attachoit ordinairement à servir les malades qui avoient les maux les plus horribles, comme les lépreux, les ulcérés, et ceux qui étoient rongés d’un chancre ; il leur rendoit ce service nue-tête et à genoux, respectant en eux le Sauveur du monde, et les chérissant d’un amour aussi tendre que celui d’une mère pour son enfant. Saint Elisabeth, fille du Roi de Hongrie, se mêloit ordinairement parmi les pauvres, et pour se divertir avec les Dames de sa maison, s’habilloit quelquefois en pauvre femme, leur disant : si j’étois pauvre, je m’habillerois ainsi. O mon Dieu ! ô Philothée ! que ce Prince et cette Princesse étoient pauvres dans leurs richesses et qu’ils étoient riches en leur pauvreté ! Bienheureux ceux qui sont ainsi pauvres, car le royaume des Cieux leur appartient : J’ai eu faim, et vous m’avez nourri, leur dira le Roi des pauvres et des Rois, au jour de son grand jugement : J’ai été nu, et vous m’avez vêtu ; possédez le Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde.

Il n’y a personne à qui les commodités de la vie ne manquent quelquefois en de