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Page:De Saumery - Les délices du Pais de Liége, Tome I, 1738.djvu/105

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du Païs de Liége.

Eſt-il donc ſurprenant, que ce Peuple libre éprouvant ſans ceſſe une ſi cruelle tiranie, ait fait les derniers éforts pour s’en afranchir, pour s’ériger lui-même un Tribunal contre ſes tirans, & pour maintenir ſa liberté & ſon autorité, fondées ſur les Conceſſions qui lui en avoient été faites par ſes Souverains ? Faloit-il pour cela que les Liégeois fuſſent animés de l’eſprit de faction, de révolte & d’indépendance ? C’étoit bien aſſés qu’ils fuſſent hommes & par conſéquent déſireux de la liberté.

Chaque Prince, à ſon avenement, promet ſolemnellement de maintenir la liberté & les Priviléges de l’Egliſe, de la Ville de Liége & du Païs Liégeois.[1] Le premier de ces droits eſt que le Prince ne peut en aucun cas, ſous aucun prétexte, établir des Impôts ſur les biens ni ſur les perſonnes de ſes Sujets, ſans le conſentement unanime des trois États. Le Peuple intéreſſé à conſerver ce Privilége, a toûjours tâché de le maintenir, il s’est en cela conformé au droit des gens ; droit ſacré, qui ne donnant ateinte ni aux bonnes mœurs, ni au bien public, peut être défendu ſans crime.

Qu’on ſoüille dans les hiſtoires anciennes & modernes des Républiques, des Monarchies, & de tous les États, on ne pourra diſconvenir, que de tous les Peuples, les Liégeois ne ſoit celui, qui aiant gémi le plus long-tems ſous la tiranie, a pris les plus ſages précautions pour en ſecoüer le joug. Également atentifs à ce qu’ils devoient à leurs Princes & à eux-mêmes, ils ont tout oſé pour conſerver leurs Priviléges, & quelques vives qu’aient

    intentos eſſe jubebant mercibus, operibuſque mechanicis. Singulis annis ipſi Senatum, ſive juratos legebant è Patriciis, è Collegio fuo binos Conſules. Magiſtri tum appellabantur, qui Burgimagiſiri demum, ſub annum milleſimum quingenteſimum, nominari cœpti funt.

    Vana bæc erant tum ſine omni poteſtate nomina, Reip, omnem omninò adminiſtrationem ſoli tenebant Scabini : illamque adeò ſervaverant ut plebeio nulli, quamquam opulentiſſimo, nec uſum vini quidem concederent, niſi adverſâ valetudine, quaſi plebis id gradum tranſcenderet. Qui fortaſſis ab Oenopolà rediens, ſub toga, palliovè, celare deprebenderetur, vel pellebant exulatum, vel ingentem pecuniæ ſummam extorquebant. Ce ſont les termes de Fiſen dans ſon hiſtoire de l’Egliſe de Liége.

  1. Le même Auteur, en la vie d’Erneſt de Baviére, raporte en précis le formulaire de ce ſerment ; voici l’article qui Concerne mon texte.