Page:De Saumery - Les délices du Pais de Liége, Tome I, 1738.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
Les Délices

garantir ſon Païs, autant que les conjonctures le lui permettoient, & les promeſſes qu’il fit de dédommager les Propriétaires des Edifices ruinés par le Bombardement, ſont des preuves inconteſtables qu’il avoit pour ſon Peuple un veritable cœur de Pere. Il mourut la ſixiéme année de ſon regne.

Celui de Joseph-Clement de Baviere, qui ſut ſon Succeſſeur, ne fut pas moins traverſé par les guerres étrangéres, dans leſquelles il eut même le malheur de ſe trouver engagé, & le chagrin de ſe voir dépouillé de tous ſes États & de tous ſes biens,

Il ne fut pas moins ſensible aux diſgraces de ſes Sujets, qu’aux ſiennes propres ; mais il eut la conſolation de ſavoir, que s’ils étoient obligés de ſe précautionner contre les forces des Puiſſances belligerantes, ils joüiſſoient entre eux de la paix & de la tranquilité, que l’Edit de Maxmilien-Henri leur avoit procuré.

Rien n’est plus capable de donner une juſte idée de l’amour du Prince pour ſes Sujets, du reſpect & de la vénération des Sujets pour le Prince, que les Médailles, que les Liégeois firent fraper, lorſqu’ils aprirent que Joſeph-Clement avoit été rétabli dans ſes États, & qu’il devoit bientôt honorer le Païs de Liége de ſa préſence.

Auſſi la ſuite aprit qu’il n’y avoit rien de fardé de part ni d’autre : la préſence du Prince n’altéra jamais la joie des Sujets, qui dans d’autres ocaſions auroit pû être atribuée à une longue abſence ; l’union, ſi l’on peut ici ſe ſervir de ce terme, ſut toûjours la même, & par ce moïen la paix & la tranquilité de l’État durérent autant que le regne de cet illuſtre Prince.

Son zéle pur & ardent pour la Réligion, ſon dévoüement au St. Siége, & ſon profond reſpect pour toutes les Déciſions qui en émanent, lui méritérent de la part du St. Pere, un éloge brillant, pompeux & très-conſolant pour un Prince, qui est ſur la fin de ſa carriére. Joſeph-Clement ſut enlevé à ſes Sujets le douze de Novembre mil ſept cent vingt-deux. Le choix qui ſut fait de George-Louis de Berghes, Prince regnant, pouvoit ſeul conſoler le Païs, & le dédomager de cette perte.