Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/124

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Ces subtils artisans de la confusion,
Pour frapper ce grand coup, cherchent l’occasion.
Celuy qu’on voit meslé dans les troupes gothiques,
Apres plusieurs discours des affaires publiques ;
Du voyage entrepris ; et du dessein du roy ;
Comme insensiblement leur donne de l’effroy.
O mes chers compagnons, leur dit-il, que nos fléches
Auront peu de pouvoir, et feront peu de brèches !
Et quel heureux succès nous peut-il arriver,
Contre un peuple de fer, que nous allons trouver ?
Les Romains sont couverts d’armes impenetrables :
Leurs corps à tous nos traits, seront invulnerables :
Au lieu que desarmez, comme nous sommes tous,
Voulant compter nos morts, il faut compter leurs coups.
Celuy qui veut tromper les habitans bothniques,
Leur demande à quoy sert la longueur de leurs piques,
Et l’extrême valeur de leurs cœurs indomptez,
Contre des bancs de sable, et des flots irritez ?
Nous allons, leur dit-il, sur des mers inconnuës,
D’où jamais en nos bords les nefs ne sont venuës :
Et vous sçavez fort bien, que nos plus vieux nochers,
N’en ont jamais connu les vents ny les rochers.
Nous allons, chers amis, errer de plage en plage,
Et rencontrer enfin, un funeste naufrage :
Si bien qu’errant sur l’onde, et perissant sur l’eau,
Nous serons sans patrie, et mesme sans tombeau.
Celuy qui se feint estre un soldat de Finlande,
Peuple, comme on l’a dit, dont la richesse est grande,