Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/162

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Le quatriesme tableau, n’est qu’ombre et que fumée :
Du profond d’une grotte une flâme allumée,
Sort toute rouge et noire, et l’œil espouventé,
Voit qu’un peintre d’enfer l’a bien representé.
Au milieu de ces feux, le trop hardy Thesée,
Du monarque des morts croit la deffaite aysée :
Enleve Proserpine, et haste son retour,
De l’eternelle nuit à la clarté du jour.
Il joint pour l’enlever, la force à l’industrie :
La belle se debat ; il semble qu’elle crie ;
Et de pieds et de mains, quoy qu’inutilement,
Elle veut eschaper aux bras de cét amant.
De par tout les demons viennent en ces lieux sombres :
Mais on voit que ces corps, ne sont que vaines ombres :
Ils voltigent legers en ce lieu tenebreux,
Et le guerrier mortel paroist plus vivant qu’eux.
Mais quoy qu’il leur resiste, et quoy qu’il puisse faire,
On voit enfin ceder l’illustre temeraire :
Pour son proche retour l’enfer n’est plus ouvert,
Il perd sa belle proye, et luy-mesme se perd.
Alaric qui le pleint, estime son courage :
Pour son Amalasonthe il feroit davantage :
Il forceroit l’enfer pour un objet si beau :
Et cependant il passe au cinquiesme tableau.
Dans son esloignement est la superbe Troye,
Et le camp des Gregeois, dont elle fut la proye :
On voit les champs couverts de plusieurs bataillons,
De hauts retranchemens, et de grands pavillons.